Je respire à peine ce soir
pendant que tu me demandes de changer,
d’être ce que je devrais
de mieux m’administrer
de donner plus de valeur à ma vieillesse,
à mes cheveux blancs, à ce que j’écris.
.
Je suis au temps ce que c’est qu’ un cerf volant
qu’ un rat de campagne à la mer,
à la lune, ce que c’est qu’un idiot aux yeux fermés
ce que c’est qu’un papillon se noyant dans une flaque
et je suis à l’amour,
ce que c’est qu’ une trahison permanente.
.
Tu me regardes sérieuse, comme une mère ferait avec son fils
et certes tu n’es pas ma mère,
tu sais mieux que moi ce que je suis
et tu m’aimes comme par pitié d’un imbécile.
.
Voilà ce que je pense et ce que je veux!
Je n’aime pas du tout cultiver
encore moins cultiver des fleurs
je m’en fous des rêves et des roses
je n’ai pas d’ambitions,
j’aime plus les poules que les poètes,
j’écris presque seulement pour boire et vice-cersa.
.
Pour moi
ton cul adipeux c’est de l’amour pur,
aussi bien qu’ un beau nocturne de Chopin
pendant qu’il bruit sur un disque et que j’écris.
.
J’aime
mes étranges mots crucifiés
la graisse d’un tabouret de bistrot,
un bon verre, quatre coups de poing sur la figure
(pris ou donnés , cela m’est égal)
valant pour moi plus que la mort,
donnant à la vie la juste importance
de tout ce qui vient à échéance et se dissout
.
Donne de l’importance à la vie et tu es foutu!
.
Ce qui est ci-dessus
c’est la matière réelle de mes livres
de la lumière filtrant des fenêtres fermées,
la fumée douce de nombreuses sigarettes,
la vérité de tout mon succès.
.
Et ne me parle pas d’âme, ce soir,
Je l’ai déjà crachée dans les derniers jours.
Viens te coucher , il vaut mieux, éteins la lumière.
.
Fiorenza Dal Corso – Abner Rossi.
13 Dicembre 2021.