Désormais toi, tu as vieilli, moi, je suis fatigué
et mes yeux ne voient plus bien,
ils rendent flous tes contours,
et ne mettent plus à feu les figures,
mais en mon for intérieur je te retrouve intacte,
la photo parfaite de notre première rencontre,
une belle image qui ne change pas
avec la fuite féroce de mon temps.
—
Tu étais sur le trottoir à quelques mètres
de mes cartons, de toute ma maison,
tu passais rapidement, tu ne m’as pas vu,
caché comme je l’étais, à cause du froid,
sous cet arc ancien sous le vent,
mais tu as détruit à jamais mon destin,
mon errance sans but,
ma marche décidée vers le néant,
mon refus d’avoir un sens.
—
Je t’ai donné un nom vraiment à moi
la seule chose que je pouvais te donner
la seule chose que je pouvais faire
pour te lier, serrée, à ma fantaisie ,
à des désirs que je ne devais pas avoir,
à des désirs, qu’il fallait effacer.
—
Je voudrais avoir bu moins de vin,
être resté celui que j’étais autrefois,
hélas, mes poches étaient maintenant vides,
j’étais un déchet et je l’aimais bien
j’étais quelque chose qui nétait pas vivant…
moins que rien, un Monsieur Personne
qui vit de pitié et en est content.
—
Pendant de nombreuses années tu as brisé mon dessin,
tu marchais sur le trottoir à quelques mètres
de mes cartons, de toute ma maison,
tu passais rapidement , tu ne m’as pas vu,
sous cet arc ancien sous le vent,
ou à son ombre appuyé contre le mur.
—
De là j’ai vu toute ta vie,
j’ai vu un homme pour un laps de temps,
ensuite j’ ai vu grandir tes enfants,
tes rides paraître, tes cheveux devenir gris
je t’ai vue, au fil des ans
je t’ai vue vieillir et tu étais belle.
—
Je t’appelais en moi-même à voix basse
par le nom que je t’avais donné,
ce nom qui pour moi n’appartient qu’à toi,
la seule chose que je pouvais donner,
la seule chose que je pouvais faire
pour t’enchaîner à ma fantaisie,
pendant que je laisser aller mon voyage
en restant avec toi dans mon coeur et dans mes yeux,
—
sans bouger d’un mètre de ma place.
—-
Fiorenza©Dal Corso
traduzione di una poesia di Abner©Rossi
titolo origianale “Homeless”